Le musée du Caire est l'un des plus grands musées entièrement consacrés à l'Antiquité égyptienne, ayant accueilli plus de cent millions de visiteurs au XXe siècle.
Aujourd'hui, ce trésor culturel expose plus de 160 000 objets précieux, notamment le célèbre masque funéraire de Toutânkhamon, véritable chef-d'œuvre constitué de 10,32 kg d'or massif et de pierres semi-précieuses.
Le musée du Caire abrite actuellement plus de 220 artefacts liés au jeune pharaon, mais l'avenir s'annonce également passionnant avec la construction du Grand Musée Égyptien sur le plateau de Gizeh.
Ce nouveau complexe permettra d'exposer l'intégralité des 5 200 trésors de Toutankhamon d'une manière inédite. Avant cette transition majeure, ce guide vous propose de découvrir les merveilles du musée historique et de préparer efficacement votre visite pour une expérience inoubliable.
L'histoire du musée du Caire s'étend sur près de deux siècles, marquant profondément l'histoire de l'égyptologie mondiale. Ce temple du savoir égyptien ancien n'a pas seulement préservé des trésors inestimables, mais a également témoigné des transformations politiques et culturelles de l'Égypte moderne.
Au début du XIXe siècle, l'Égypte vivait une période paradoxale. Alors que les puissances européennes se disputaient ses trésors archéologiques, un besoin urgent de protéger ce patrimoine s'est fait sentir.
C'est en 1835 que Muhammad Ali Pacha prit une décision visionnaire en créant le Service des Antiquités Égyptiennes. Cette institution visait initialement à freiner l'hémorragie d'antiquités quittant le pays.
Le premier musée égyptien fut d'abord établi à Boulaq, dans un quartier du Caire, en 1858. Cependant, ce bâtiment modeste ne convenait pas à l'importance grandissante des collections. Après un déménagement temporaire à Gizeh, le besoin d'un lieu permanent et digne de ces trésors devenait évident.
La construction de l'actuel musée du Caire, situé sur la place Tahrir, débuta en 1897 et s'acheva en 1902. L'architecture néoclassique du bâtiment, conçue par l'architecte français Marcel Dourgnon, reflétait l'esprit de l'époque coloniale, mêlant influences européennes et inspirations égyptiennes. Ce musée rose emblématique allait devenir le plus grand musée d'antiquités égyptiennes au monde.
Auguste Mariette occupe une place prépondérante dans l'histoire du musée. Ce français passionné, arrivé en Égypte en 1850, fut nommé premier directeur du Service des Antiquités Égyptiennes.
Avec une détermination remarquable, il combattit le pillage des sites archéologiques et posa les fondements d'une égyptologie scientifique.
Mariette comprit rapidement qu'un musée national était essentiel pour préserver le patrimoine égyptien sur son sol natal. Par conséquent, il créa le premier musée à Boulaq et établit une politique stricte : les découvertes archéologiques devaient désormais rester en Égypte. Cette position révolutionnaire s'opposait frontalement aux pratiques européennes de l'époque.
Après sa mort en 1881, son œuvre fut poursuivie par d'autres égyptologues français, notamment Gaston Maspero qui succéda à Mariette.
Sous sa direction, les collections s'enrichirent considérablement, particulièrement avec les découvertes spectaculaires de la fin du XIXe siècle, comme les momies royales de Deir el-Bahari.
Le début du XXe siècle marqua une période charnière pour le musée. Initialement géré par des Européens, principalement français, l'institution commença progressivement à passer sous contrôle égyptien. Ce processus s'accéléra après la révolution de 1919 et l'indépendance partielle obtenue en 1922.
Un tournant majeur intervint en 1952 avec la révolution égyptienne. Le renversement de la monarchie et l'établissement de la république sous Nasser intensifièrent le processus d'égyptianisation.
Pour la première fois, des directeurs égyptiens prirent les rênes du musée, apportant une nouvelle perspective sur la présentation et l'interprétation des collections.
Cependant, malgré ces changements administratifs, le musée conserva son agencement original, préservant ainsi l'atmosphère unique qui le caractérise aujourd'hui.
Cette authenticité constitue d'ailleurs l'un de ses principaux attraits, offrant aux visiteurs l'impression de voyager non seulement dans l'Égypte ancienne mais également dans l'histoire de l'égyptologie elle-même.
L'histoire du musée du Caire reflète ainsi les tensions et les évolutions qui ont façonné l'Égypte moderne. D'abord symbole du colonialisme européen et de l'appropriation culturelle, il est devenu l'emblème de la réappropriation par l'Égypte de son propre patrimoine.
Aujourd'hui, alors que le Grand Musée Égyptien se prépare à accueillir une partie des collections, le musée historique du Caire continue de témoigner de cette riche et complexe histoire.
Parcourir les galeries du musée du Caire, c'est voyager à travers des millénaires de civilisation égyptienne. Cinq chefs-d'œuvre incontournables vous attendent dans ce sanctuaire de l'histoire pharaonique.
Véritable icône de l'Égypte ancienne, le masque funéraire de Toutânkhamon constitue un témoignage exceptionnel du savoir-faire égyptien.
Découvert le 18 octobre 1925 par Howard Carter, ce chef-d'œuvre d'orfèvrerie est composé de deux plaques d'or assemblées par martelage, soudées et ciselées. Pesant 10,32 kg d'or massif et orné de pierres semi-précieuses, il mesure 54 cm de hauteur pour 39,3 cm de largeur.
Le masque représente le jeune pharaon coiffé du némès, cette coiffe rayée à bandes dorées et bleues dont deux pans retombent sur la poitrine.
Ses yeux, réalisés en quartz blanc et obsidienne, sont rehaussés d'un liséré de lapis-lazuli imitant le khôl. Ce trésor emblématique quittera bientôt le musée du Caire pour rejoindre le Grand Musée Égyptien en juillet 2025.
Autre joyau du musée, la statue de Khéphren impressionne par sa majesté. Sculptée dans la diorite, une pierre particulièrement dure et rare, elle fut découverte en 1859 par Auguste Mariette dans un puits du temple de la Vallée à Guizèh. Cette œuvre montre le pharaon assis sur un trône aux côtés formés de deux lions.
Le dieu Horus, représenté par un faucon, déploie ses ailes protectrices derrière la tête du souverain. Cette symbolique puissante rappelle la nature divine du pharaon.
Sur les faces latérales du trône figurent des motifs de papyrus et de lotus, symbolisant respectivement la Basse et la Haute Égypte, évocation de l'unité du royaume.
Le scribe accroupi, chef-d'œuvre de réalisme, représente un personnage assis en tailleur, prêt à écrire sur un papyrus. Ses yeux incrustés de cristal de roche lui confèrent un regard saisissant de vie. Cette statue calcaire de 51 cm, découverte à Saqqara, date de la Ve dynastie (vers 2475 av. J.-C.).
Non loin, le couple formé par Rahotep et Nofret fascine par son état de conservation exceptionnel. Retrouvées dans une tombe à Meïdoum, ces statues présentent le prince Rahotep et son épouse assis sur des sièges blancs.
Leurs yeux incrustés et la vivacité des couleurs donnent l'impression qu'ils vous observent à travers les millénaires.
Les triades de Mykérinos constituent un ensemble remarquable de sculptures en grauwacke découvert lors des fouilles de 1908-1910 menées par l'archéologue américain George Andrew Reisner. Trois de ces groupes sont exposés au musée du Caire.
Chaque triade présente le pharaon Mykérinos debout au centre, coiffé de la couronne blanche de Haute-Égypte. À ses côtés figurent systématiquement la déesse Hathor, reconnaissable à ses cornes de vache entourant un disque solaire, ainsi qu'une divinité personnifiant un nome (province) d'Égypte.
Ces œuvres hautement symboliques illustraient probablement les liens entre le souverain et les principales régions du pays.
Enfin, les célèbres portraits du Fayoum offrent un saisissant témoignage de l'Égypte romaine. Ces peintures funéraires, réalisées entre le Ier et le IIIe siècle, étaient insérées dans les bandelettes des momies au niveau du visage.
Réalisés principalement à l'encaustique (mélange de pigments et de cire d'abeille) sur des panneaux de bois, ces portraits se distinguent par leur réalisme frappant.
Certains présentent même des applications de feuilles d'or, signe de leur grande valeur. Leur style mêlant influences égyptiennes, grecques et romaines en fait des témoins uniques d'une époque de transition culturelle.
Ces cinq trésors ne représentent qu'une infime partie des merveilles qu'abrite le musée du Caire. Chacun raconte une page différente de l'histoire égyptienne, du faste royal à la vie quotidienne, en passant par les croyances religieuses qui ont façonné cette civilisation millénaire.
Le parcours des galeries du musée du Caire vous invite à remonter le temps pour explorer l'évolution de la civilisation égyptienne. Cette visite chronologique permet de comprendre comment l'art et la culture se sont transformés au fil des millénaires.
Au rez-de-chaussée, la première salle présente les origines de la civilisation égyptienne. Les objets de la période prédynastique (5300-3000 av. J.-C.) témoignent des premières communautés agricoles établies le long du Nil.
Admirez les poteries à décor rouge sur fond crème et les palettes à fard en schiste, dont certaines montrent déjà les premiers hiéroglyphes.
L'époque thinite (3000-2700 av. J.-C.) marque la naissance de l'État égyptien unifié. Les stèles du roi Djet et les vases en pierre dure illustrent le raffinement précoce de l'artisanat royal. Ne manquez pas les tablettes en ivoire et en ébène qui attestent des premières écritures hiéroglyphiques complètes.
Poursuivez vers les salles dédiées à l'Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.), période qui a vu naître les premières pyramides. Les statues de Khéops, Khéphren et Mykérinos, bâtisseurs des grandes pyramides de Gizeh, témoignent de la puissance divine attribuée aux pharaons.
Dans cette section, vous découvrirez également de nombreux objets issus des mastabas de Saqqarah, dont des scènes de vie quotidienne finement sculptées. Les statues de serviteurs accomplissant diverses tâches offrent un aperçu fascinant de la société égyptienne de cette époque.
À l'étage supérieur se trouve la collection du Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.), période considérée comme l'âge d'or de l'Égypte ancienne. C'est ici que vous pourrez admirer les objets appartenant aux dynasties les plus célèbres, notamment les Ramsès et les Thoutmôsis.
Les objets provenant de la vallée des Rois illustrent le faste des sépultures royales. Par ailleurs, les statues colossales d'Amenhotep III et les reliefs d'Akhénaton témoignent des bouleversements religieux de cette période.
Au fond du musée se trouvent les collections des époques ptolémaïque et romaine (332 av. J.-C. - 395 apr. J.-C.). Ces galeries présentent l'Égypte après l'arrivée d'Alexandre le Grand et sous domination romaine.
Les sculptures à double influence, comme les statues de pharaons en toge romaine, montrent la fusion des cultures. En outre, les bijoux en or et les monnaies témoignent des échanges commerciaux avec le monde méditerranéen.
Cette section conclut admirablement votre voyage chronologique à travers l'histoire égyptienne, montrant comment cette civilisation millénaire a évolué jusqu'à l'avènement du christianisme.
Pour profiter pleinement de votre exploration du musée du Caire, une bonne préparation s'impose. Voici les informations essentielles pour organiser votre visite sans imprévus.
Le musée du Caire est ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Néanmoins, pendant le mois de Ramadan, les horaires sont réduits jusqu'à 15h00.
Pour éviter l'affluence, privilégiez une visite en matinée. Les salles sont alors plus accessibles, vous permettant d'admirer les artefacts à votre rythme.
À l'inverse, évitez les fins de journée où vous risquez de manquer certaines sections. D'autre part, si vous n'êtes pas en groupe organisé, l'après-midi peut également être un bon choix, car les groupes touristiques envahissent généralement le musée en matinée.
La politique concernant la photographie au musée du Caire fait débat. Certaines sources affirment que les photos sont strictement interdites et que les appareils sont confisqués à l'entrée, tandis que d'autres indiquent que la photographie avec téléphones portables est gratuite. Par prudence, renseignez-vous auprès du personnel à votre arrivée.
En matière d'accessibilité, le musée est praticable pour les personnes à mobilité réduite. Des services adaptés, comme des panneaux en braille et un service de langue des signes, sont également disponibles.
Engager un guide professionnel peut s'avérer précieux pour une compréhension approfondie des collections. Les guides expérimentés vous offrent des anecdotes historiques fascinantes et des informations que vous ne trouverez pas dans les brochures touristiques.
Pour une visite complète, prévoyez au moins 3 heures. Cela vous permettra d'explorer les principales sections sans vous presser. Certains voyagistes proposent des forfaits incluant transport, guide et entrée au musée, ce qui peut simplifier considérablement votre expérience.
L'équilibre entre tradition et modernité caractérise l'avenir du musée du Caire. Cette institution centenaire entame une transformation majeure avec l'ouverture prochaine du Grand Musée Égyptien (GEM), tout en préservant son importance historique.
Le déménagement progressif des trésors du musée du Caire vers le GEM constitue un projet d'envergure nationale. Le célèbre masque funéraire de Toutânkhamon quittera bientôt son écrin historique pour rejoindre sa nouvelle demeure au cours du dernier trimestre de 2025. Ce transfert permettra de réunir l'intégralité des 5 200 objets liés au jeune pharaon dans un seul espace d'exposition.
Le GEM, situé sur le plateau de Gizeh à proximité des pyramides, offrira des conditions de conservation optimales grâce à des technologies modernes. De plus, ses vastes espaces permettront d'exposer de nombreuses pièces jusqu'alors conservées dans les réserves du musée du Caire, faute de place.
Malgré ce transfert, le musée historique ne sera pas vidé de sa substance. De nombreuses collections continueront d'y être présentées, notamment les statues monumentales des grands pharaons comme Ramsès II et les objets funéraires des autres périodes.
Cette réorganisation vise à créer une complémentarité entre les deux institutions plutôt qu'une concurrence. Le musée du Caire conservera ainsi son atmosphère unique, témoin de l'histoire de l'égyptologie, tandis que le GEM incarnera une approche muséographique contemporaine.
Le projet de rénovation du bâtiment historique
Parallèlement au transfert des collections, un ambitieux projet de rénovation du musée du Caire est en cours d'élaboration. Cette restauration respectueuse visera à préserver l'architecture néoclassique emblématique tout en modernisant les infrastructures.
La rénovation prévoit l'amélioration de l'éclairage, du contrôle climatique et des systèmes de sécurité. Les espaces libérés par le départ de certaines collections permettront également de repenser entièrement la scénographie et le parcours des visiteurs.
Ainsi, le musée du Caire entame un nouveau chapitre de son histoire, s'adaptant aux exigences du XXIe siècle tout en restant fidèle à sa mission originelle: préserver et mettre en valeur l'héritage inestimable de l'Égypte ancienne.
Le musée du Caire représente sans aucun doute l'une des destinations culturelles les plus remarquables au monde.
À travers ses vastes galeries, vous avez pu voyager dans le temps et découvrir les splendeurs d'une civilisation qui continue de fasciner l'humanité entière. En effet, peu d'endroits offrent une telle concentration de trésors historiques sous un même toit.
La richesse des collections, allant des objets prédynastiques jusqu'aux artefacts de l'époque ptolémaïque, témoigne de l'évolution extraordinaire de cette civilisation millénaire.
Parmi ces merveilles, le masque de Toutânkhamon brille certainement comme l'étoile la plus éclatante, mais ne vous y trompez pas, chaque pièce raconte sa propre histoire fascinante.
Bien que le Grand Musée Égyptien s'apprête à accueillir certains des joyaux les plus précieux, le musée historique du Caire conservera néanmoins son charme unique et son importance culturelle.
D'ailleurs, cette transition marque moins une fin qu'un renouveau pour cette institution emblématique.
Pour profiter pleinement de votre visite, rappelez-vous les conseils pratiques mentionnés précédemment.
Une visite matinale vous permettra d'éviter les foules, tandis qu'un guide qualifié enrichira considérablement votre expérience. De plus, prévoyez suffisamment de temps – au moins trois heures – pour parcourir les collections sans précipitation.
Finalement, que vous soyez passionné d'histoire, amateur d'art ancien ou simplement curieux de découvrir les merveilles de l'Égypte pharaonique, le musée du Caire vous offrira une expérience inoubliable. Cette plongée dans l'histoire égyptienne ancienne restera gravée dans votre mémoire longtemps après votre retour.
Q1. Quelle est la durée recommandée pour visiter le Musée du Caire ?
Il est conseillé de prévoir au moins 3 heures pour une visite complète du musée. Cela vous permettra d'explorer les principales collections sans vous presser et d'apprécier pleinement les trésors de l'Égypte ancienne.
Q2. Y a-t-il un code vestimentaire à respecter pour visiter le musée ?
Bien qu'il n'y ait pas de code vestimentaire strict, il est recommandé de s'habiller de manière modeste par respect pour l'importance culturelle du lieu. Une tenue confortable et décente est appropriée pour votre visite.
Q3. Le Musée du Caire vaut-il vraiment le détour ?
Absolument. Le musée abrite plus de 120 000 objets de l'Égypte ancienne, dont des sarcophages, des bijoux et des poteries. C'est une expérience immersive dans la civilisation égyptienne antique, idéale après une visite des pyramides.
Q4. Quels sont les trésors incontournables à voir au Musée du Caire ?
Parmi les pièces maîtresses, ne manquez pas le masque funéraire de Toutânkhamon, la statue de Khéphren protégée par Horus, le scribe accroupi, les statues de Rahotep et Nofret, et les portraits du Fayoum.
Ces œuvres offrent un aperçu fascinant de l'art et de la culture de l'Égypte ancienne.
Q5. Comment le Musée du Caire évolue-t-il avec l'ouverture du Grand Musée Égyptien ?
Le Musée du Caire entame une transformation majeure. Certaines collections, dont le masque de Toutânkhamon, seront transférées au Grand Musée Égyptien.
Cependant, le musée historique conservera de nombreuses pièces importantes et bénéficiera d'un projet de rénovation pour moderniser ses infrastructures tout en préservant son atmosphère unique.
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